Patty O’Green et moi

Mouchette #3 (9 ans) « Patty O’Green et le Wild Wild Web

Tu sais pas si je me noie ou si je m’amuse. Si je crie help ou si je me bats avec des mouches noires. Si je pose pour le photographe ou si j’essaie de le déjouer. Peut-être que tu le sais, mais peut-être pas. En tout cas, l’important, là-dedans, c’est le PEUT-ÊTRE PAS. Parce que c’est une image. Et que pour savoir lire les image, il faut d’abord en reconnaître la complexité. L’ampleur de ce qui t’échappe. De toute manière, tu ne peux pas venir vérifier. Parce que tu ne sais pas où je suis dans l’image. Et surtout, tu sais pas « quand » je suis dans l’image. Et même si tu y étais, dans cette image, tu pourrais peut-être même pas savoir!

T’as beau t’approcher. Entrer dans le monde de la mouche : nada! Moi-même, je regarde mon image. Et même si je sais ce qui se passe devant l’objectif, j’ai vraiment l’impression que c’est pas ça. Parce que je ne suis pas dans ce lac. Avec Claudine. Avec Maggie. J’aurais envie de la dramatiser, cette image. Parce que l’interprétation d’une image, c’est narcissique au point d’occulter volontairement sa propre réalité. Une réalité que tout le monde échappe dans son laptop. Parce que dans ton ordi perso, que tu poses sur la table de la cuisine, les images sentent toujours comme here and now. Elles sentent comme chez vous.

Ce jour-là, j’étais bien là. Off Screen. Au milieu du lac. J’avais 9 ans. Quelqu’un m’a photographiée.  Je faisais cette chose. C’était une habitude. Je faisais ça tout le temps, il me semble. C’est un « tout le temps » d’une petite fille de neuf ans. C’est comme les « toujours » de n’importe quel enfant. C’était plus fort que moi. C’était comme un rituel. Toutes les Mouchette ont des rituels d’empowerment. Y’avait Maggie pis Claudine. Dans mon esprit, y’avait une meute d’hommes. Oui oui, c’était ce que je m’imaginais. Je trouvais ça ben drôle. Être une meute d’hommes. Pas n’importe lesquels. Des douchebags, comme on les appelle aujourd’hui.  No offense, mais me semble qu’astheur, même dans les pires moments, je voudrais surtout pas incarner une meute de douchebags! Je n’y survivrais jamais!  En tout cas.  C’est quand même une drôle de projection pour une petite fille de 9 ans. Entre la princesse Leia pis Paula Abdul, j’incarnais ad infinitum les douchebags de cette pub-là. Ceux avec les habits verts, of course. Claudine s’occupait de réciter le monologue du gars avec les lunettes. Pis Maggie incarnait les autres, les frileux. On faisait ça à tour de rôle, of course. Pour que chacune puisse avoir l’occasion de ressentir le inner power  :



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