Machines à écrire-Oulipo

 


Machines à écrire Une page web a propos d’un CDrom qui celebre Georges Perec et Raymond Queneau publié en 2000, assorti d’un lien sur mon site, une page et un lien vieux de 15 ans!

Machines à écrire

1999, Gallimard
PC – Macintosh

Oulipo, littérature combinatoire, littérature factorielle …, étaient, jusqu’à très récemment, des sortes de “gros mots”. Connus et utilisés par une poignée de gens, ils agissaient comme signes de reconnaissance d’une quasi “secte” d’initiés et apparaissaient, au mieux comme de l’outrecuidance hors les limites du cercle et, au pire, se voyaient accueillir par une indifférence même pas polie.

Depuis quelques années, cependant, ils ont commencé à s’échapper du purgatoire où on les avait enfermé pour se répandre dans le monde. On les retrouve ainsi sur le très populaire site de Mouchette (http://www.mouchette.org). Le CD-ROM Machines à écrire d’Antoine Denize les propulse brillamment, glorieusement, sur le devant de la scène et prouve, si besoin était, combien cette écriture peut être ludique et jubilatoire.

Cette évolution semblait inévitable tant le lien entre l’informatique et l’écriture oulipienne est évident. Les machines, que Queneau appelait de ses voeux, sont aujourd’hui dans notre quotidien et, par le développement de produits hypermédia sur CD-ROM ou sur Internet, ont construit une acculturation d’un public plus large. Cependant, une cohérence entre une forme de création littéraire et une technologie ne suffisent pas à faire un CD-ROM intéressant. Antoine Denize et les éditions Gallimard ont largement réussi leur pari. Machines à écrire est un travail très riche en terme de contenu, d’écriture hypermédia et de références.

Le contenu est centré sur Raymond Queneau -à travers deux oeuvres, les Cent mille milliards de poèmes et Un conte à votre façon- et Georges Perec avec les 243 cartes postales en couleurs véritables. Le traitement de Queneau est plus approfondi et, d’une manière générale, meilleur que celui de Perec. La galaxie combinatoire propose un parcours dans les différents procédés littéraires. Elle est organisée autour de sept ensembles principaux : littérature factorielle, un texte peut en cacher un autre, littérature exponentielle, littérature ambulatoire, les précurseurs, écrire est une combinatoire et un Index. L’ensemble constitue un document remarquable sur l’histoire de la littérature combinatoire, l’oulipo, ses auteurs, les oeuvres et offre des documents, notamment sonores, exceptionnels.

La grande réussite de Machines à écrire réside d’une part dans le travail de création hypermédia d’Antoine Denize, qui a sur “mettre en scène” les processus d’écriture oulipiens et, d’autre part, dans le parti pris de jeu et de participation du spectateur. Ainsi, ce CD-ROM devient, pour le public, une “machine à écrire”.
On apprécie aussi les références subtiles, comme ces tickets de métro, clin d’oeil à Zazie, qui s’empilent en fond d’écran d’un des générateurs des Cent mille milliards de poèmes et mille autres détails à découvrir au fil de la navigation, qui, par parenthèse, est beaucoup plus simple que le livret d’explications joint ne le laisse supposer. Les seules faiblesses, à ce sujet, concernent les sommaires principaux, inutilement dynamiques et abstraits qui apparaissent comme des “effets interactifs” gratuits et le retour au sommaire qui passe, on ne sait pourquoi, par la touche “escape” du clavier alors qu’un menu flottant aurait été plus intuitif. Mais ce ne sont que détails qui ne ternissent en rien l’excellence de Machines à écrire.

Annick Bureaud <bureaud@altern.org> – Mai 2000.




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