Amalia Ulman
Amalia Ulman : “J’aime travailler avec une chose qui me dégoûte”
by L’Officiel Art 30.01.2017
La performance a été acquise et archivée par Rhizome, la section numérique du New Museum, et exposée en janvier dernier à la Tate Modern dans le cadre de l’exposition “Performing for the Camera”. Quatre mois après Excellences & Perfections, vous avez entamé un nouvel arc narratif, Privilege, qui s’intéresse aux différentes stratégies de distinction sociale.
J’ai attendu quelques mois entre les deux performances car les mettre dos à dos m’a semblé être une mauvaise idée. Petit à petit, j’ai commencé à poster en ligne des images de moi liées à la nouvelle performance, des images très innocentes en apparence – des photos de moi en train de travailler ou de voyager, par exemple. J’utilisais alors Facebook et Instagram de façon classique, voire rigide. Au début, j’avais mis en place – via l’une de ces caricatures de moi-même – un moodboard où je partageais des images de magazines ou d’objets qui m’avaient plu. Puis, très progressivement, j’ai élaboré un récit autour de cette idée, j’ai exacerbé cette nouvelle représentation de moi-même jusqu’au ridicule. Ma performance était soigneusement planifée depuis le début. Je devais tomber enceinte, puis donner une image de moi très classique, très cinématographique. Mais il me fallait un acolyte, un faire-valoir si vous voulez. J’ai d’abord pensé à un rat, car le scénario élaboré pour ma performance se déroulait dans un environne- ment urbain, le centre-ville de Los Angeles ou Wall Street la nuit. Mais c’était choisir la facilité : on peut interagir avec un rat, pas avec un pigeon. J’ai donc choisi un pigeon comme une sorte d’alter ego Les pigeons de compagnie, ça n’existe pas. J’aime travailler avec des choses ou des êtres pour lesquels je n’éprouve aucune empathie, ou même qui me dégoûtent. C’est pourquoi j’ai travaillé à un moment sur l’esthétique eurotrash. Choisir un pigeon comme instrument narratif, ça relève presque du défi. C’est un être vide de sens. Quand Bob (le pigeon) est appa- ru pour la première fois dans ma performance numérique, j’ai fait croire qu’il venait de passer par la fenêtre de mon bureau.
Pouvez-vous évoquer en quelques mots le récit de cette performance numérique, Privilege ? C’est une fable capitaliste sur un pigeon qui veut devenir une colombe.
Le récit est un peu plus abstrait que ça. Il ne s’agit pas vraiment de savoir si Bob souhaite devenir plus attirant ou avoir plus de succès. Bob est un pigeon, c’est tout. En fait, il s’est retrouvé piégé dans le contexte de ma performance. Ce qui a changé au cours du récit, ce sont plutôt les qualités que les gens projetaient sur Bob. Après quelques semaines, mes abonnés ont commencé à le trouver mignon, aussi adorable qu’une colombe. Ça s’est passé de la même manière que l’explosion d’une it-girl dans le paysage médiatique. Au début, mes abonnés se désintéressaient de Bob, et certains voulaient que je m’en débarrasse. On m’a expliqué comment construire un piège, ou même comment le tuer. Puis, peu à peu, grâce à ses apparitions récurrentes sur mes réseaux sociaux, il a gagné en charisme aux yeux de mes abonnés. C’est vraiment intéressant : les gens se sont mis à le traiter comme un personnage, et non plus comme un simple pigeon. Des abonnés se sont mis à m’envoyer des photos de pigeons croisés dans la rue, et à chaque fois ils croyaient reconnaître Bob. Comme dans Excellences & Perfections, j’ai constaté qu’il était très facile d’in uencer l’opinion du public sur un sujet donné. Comment peut-on transformer un capital culturel dans la perspective d’obtenir des privilèges sociaux ? Telle est la toile de fond de la performance et de Reputation, qui est l’adaptation de cette dernière en une exposition.
Amalia Ulman est représentée par les galeries Arcadia Missa (Londres), et James Fuente (New York).
À VOIR
“Amalia Ulman, Reputation”,
jusqu’au 17 décembre 2017,
New Galerie, 2 rue Borda, Paris 3.
=====================================================
=====================================================
Here is my archival of some of the contents of the site “Mawu-Lisa”
https://about.mouchette.org/%E2%99%80/
======================================================
And I still have the contact mail.
Talk about archiving!
From: Amalia Ulman <amalia.ulman@gmail.com>Subject: MAWU-LISADate: 11 May 2011 at 12:53:35 CESTTo: mouchette@mouchette.org
Hi!
I’m curating a show at the New Gallery (http://www.newgallerylondon.co.uk) the 2nd of July based on digital representations of femininity. The format will be of four looped “shared” projectors which will change thematically at simultaneous intervals (as well as performances http://yearofthehare.org/and mixes http://soundcloud.com/eande). It is meant to be opening a discourse from all perspectives and points of view (feminist,cis-gender, even misogynist) as a way to create a discussion by and for male and female in a post-gendered approach…
The output will be culled from not only artists professional portfolios but also from there social media output; we are already counting with Lauren Elder, Emily Jones, Sarah
Rosamond, Hannah Tindle, Solomon Chase (DIS magazine), Bruno Zhu, Cedric Fargues, Katja Novitskova, Andre+EvanLenox, Timur Si-Quin, Felix Lee, Christian Megazord Oldham, Palm’treesCapri’sun Citrus’Blast, Ida Lehtonen, No Longer A Blonde, Brenna Murphy, Flamin Hots Limon and more to be confirmed.
I was wondering if it would be possible to project the website http://www.mouchette.org/ in the show, as it is the major piece who inspired me to organize all this. It would be a honour to have you there,
Thanks mouchette!
Speak to you soon,